RDC: Au Palais de la Nation, une action de déstabilisation bien orchestrée

Quand on regarde de plus près les événements autour du Palais de la Nation, il est évident que la RDC a été victime d’une action de déstabilisation plutôt que d’un coup d’État classique. L’assassinat, dont celui de Vital Kamerhe, était la motivation principale, et le Palais de la Nation pourrait avoir été soit planifié, soit improvisé. Imaginez un peu la scène : des assaillants qui débarquent comme dans un mauvais film d’action, avec des ambitions meurtrières et un timing digne d’un scénario bâclé. On dirait presque une parodie de « Mission Impossible », mais sans Tom Cruise pour sauver la mise.

Le Palais de la Nation, bien que symbolique, ne représente pas le cœur du pouvoir en RDC. Officiellement, c’est le Bureau du Président. Mais il a été délaissé par Félix Tshisekedi depuis son arrivée au pouvoir pour la Cité de l’Union Africaine, de l’autre côté de la ville. C’est donc un Palais vide que Malanga a investi pour faire un snap en direct. Alors, pourquoi un groupe d’assaillants choisirait-il de se retrancher dans un lieu vide après une tentative d’assassinat ratée ? Cela ressemble plus à une fuite désespérée qu’à une stratégie de prise de pouvoir. Leur objectif initial, clairement ciblé sur Vital Kamerhe, révèle une volonté de frapper un coup personnel et déstabilisateur plutôt qu’un véritable renversement du gouvernement.

L’énigme des commanditaires

Aucun indice tangible sur les commanditaires. Le décès de Christian Malanga pourrait bien être une manœuvre pour effacer les traces. On risque de rester dans le flou pendant longtemps, voire pour toujours. Peut-être que même Sherlock Holmes aurait du mal à démêler cette intrigue. Entre les théories du complot et les accusations sans preuves, on est loin de trouver un coupable. Et si c’était l’œuvre de Moriarty, dans une version congolaise de Baker Street ? Ça ferait un bon feuilleton, mais malheureusement, c’est la réalité.

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La confusion qui entoure les motivations et les commanditaires de cette attaque rappelle étrangement d’autres incidents dans l’histoire politique de la RDC. À maintes reprises, des acteurs externes et internes ont manipulé des groupes pour semer le chaos et profiter de la confusion. La complexité de cette situation est exacerbée par le silence des autorités et l’absence de preuves concrètes. Alors que les spéculations vont bon train, il devient de plus en plus difficile de discerner la vérité parmi les rumeurs et les informations contradictoires.

De plus, la prise du Palais de la Nation, qu’il ne soit que symbolique, n’aurait pas pu être pris de cette manière là, sans aucun affrontement, alors que la troupe de Malanga avait passé plus d’une heure à canarder la résidence située juste à quelques mètres de là. Le dispositif de sécurité se serait déjà mis en place dans un quartier déjà hautement sécurisé et aurait bouclé justement le Palais de la nation. Par ailleurs, à un kilomètre à la ronde, se situent les Bureau du Premier ministre, du Ministre de l’Enseignement supérieur, du ministre du Numérique, du ministre de l’Enseignement primaire, ou encore un des bureaux stratégiques de l’Agence nationale des Renseignements.

Tous ces endroits sont gardés par des hommes armés qui auraient pu et du converger rapidement vers les assaillants. Car si les assaillants ont investi le Palais vers 5h du matin après près d’une heure d’affrontement chez Vital Kamerhe, laquelle heure restera à expliquer, ils ont passé encore au moins une heure au Palais de la Nation sans qu’ils ne soient inquiétés. Stratégie? Les a-t-on laissé faire? Des questions qui restent sans réponse.

La piste mozambicaine

S’il y a certes complicité, si les Forces de sécurité ont été défaillantes, il est clair que la prise du Palais de la Nation, même pour une minute, est un affront pour le pays et pour pour les autorités congolais. Il faudra alors chercher les commanditaires et les complices. Et quant aux commanditaires, à mon avis, ils ne sont pas à Kinshasa! La seule hypothèse plausible, d’après mes recherches toujours en cours, c’est la connexion mozambicaine de Malanga et de ses compagnons américains.

L’histoire des liens entre Malanga et ses associés américains dans le secteur minier mozambicain ajoute une couche supplémentaire à cette intrigue. La coopération entre des entrepreneurs du cannabis et des politiciens en exil pourrait sembler tirée par les cheveux, mais elle reflète bien la réalité de cette opération dont la vraie nature visait à déstabiliser Kinshasa. Ces alliances inattendues montrent comment les intérêts économiques et politiques peuvent se croiser de manière imprévisible, créant des situations où les motivations réelles sont obscurcies par des couches de complots et de contre-intrigues.

Hypothèse occidentale peu probable

Il est difficile d’imaginer une puissance occidentale derrière tout cela, encore moins les Etats-Unis. Un coup d’État soutenu par Washington avec des Américains en première ligne, caméra à la main dans un Palais Présidentiel ? Non, nous sommes face à des « potes » qui ont exécuté un deal, un peu comme ce qui s’est passé en Haïti avec le Président Jovenel Moïse. Un scénario digne d’une série Netflix, mais bien réel. On parle de gens qui se filment en pleine action. C’est tout sauf une opération secrète.

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L’hypothèse d’une implication occidentale perd de sa crédibilité lorsque l’on considère le modus operandi des assaillants. Leur manque de professionnalisme et leur imprudence évidente ne correspondent pas aux méthodes typiques des opérations soutenues par des États puissants.

De plus, l’implication de figures mineures de la diaspora congolaise et de partenaires commerciaux exotiques dans cette affaire suggère une motivation plus personnelle et opportuniste qu’une directive orchestrée par une puissance mondiale. Les véritables marionnettistes de cette farce tragique restent dans l’ombre, probablement loin des projecteurs internationaux.

La responsabilité de l’Union Sacrée

En y réfléchissant bien, cette attaque pourrait être le résultat de notre mauvaise gestion. L’attitude adoptée après les élections a créé un terreau fertile pour ce genre d’attaque. Les institutions sont paralysées, en attente que les politiques s’approprient des postes et que l’argent coule à flots pour relancer les affaires. Tout l’élan post-électoral s’est évaporé. Les hommes politiques ne peuvent pas prétendre n’avoir aucune responsabilité dans ce qui est arrivé. On a mis le pays en pause, comme un vieux magnétoscope des années 80. Et pendant ce temps, les assaillants en ont profité pour jouer les Rambo.

La paralysie institutionnelle post-électorale a engendré un climat de frustration et de désespoir parmi la population et même au sein des forces de sécurité. Le manque de direction claire et la stagnation économique ont créé un vide dans lequel des éléments perturbateurs peuvent prospérer. Ce n’est pas seulement un échec de la politique sécuritaire, mais aussi un symptôme de la désorganisation et de la corruption endémiques. Pour éviter que de telles situations ne se reproduisent, il est impératif de restaurer la confiance dans les institutions et de promouvoir une gouvernance transparente et efficace.

Malgré tout, cette attaque pourrait être bénéfique à Kinshasa, révélant l’étendue de la léthargie de nos Forces de sécurité. Certains diront que c’était délibéré, mais non, nous avons été lamentables. Heureusement que cette attaque n’avait pas pour but de renverser le pouvoir. Cela doit nous pousser à réformer sérieusement notre système de sécurité, démantelé à cause des rivalités avec le camp de Kabila. Il est temps d’arrêter cette hémorragie et de remettre des professionnels en poste, en éliminant l’affairisme qui gangrène tous nos services. Il faut reprendre le contrôle, comme dans un bon vieux film de Stallone, où le héros finit toujours par triompher.

La révélation de notre vulnérabilité devrait être un appel à l’action. Il ne suffit pas de renforcer la présence militaire ou d’investir dans du matériel sophistiqué. Il faut également s’attaquer aux racines du problème : la corruption, le népotisme et le manque de formation adéquate. Les forces de sécurité doivent être restructurées pour devenir une institution apolitique, dédiée uniquement à la protection des citoyens et de l’État. Ce n’est pas une tâche facile, mais c’est une nécessité pour garantir la stabilité et la sécurité à long terme.

Par ailleurs, les Catholiques, qui faisaient l’apologie d’un « homme courageux » viennent peut-être d’apprendre qu’il y a des limites à l’activisme politique, même quand il est extrême. Un coup d’Etat est la dernière chose dont ce pays a besoin et l’Eglise ne devrait pas en être le porte-parole. Maintenant que Cardinal Abongo a sa photo aux côtés d’un apprenti Rambo, espérons que l’Abbé Nshole en profitera pour arrêter l’extrémisme qui place la plus grande église de ce pays en porte-étendard de la rébellion armée qui risque d’emballer notre République.

Vital Kamerhe, un Invictus

Je pense à Vital Kamerhe et je vois en lui une figure d’Invictus. Il a traversé des épreuves dignes d’une tragédie grecque : le procès des 100 jours, l’incarcération, et maintenant une tentative d’assassinat. Et pourtant, il est toujours debout. Ces assaillants étaient là pour le tuer. Et peut-être pas seulement lui. Alors je pense à cette famille qui ne fait que traverser des tumultes depuis l’arrivée du président Tshisekedi au pouvoir… Nul ne saura expliquer comment il s’en est tiré. Peut-être est-il préservé pour un rôle plus grand dans l’avenir. Dieu ne ment jamais, dit-on. C’est comme un épisode de « Game of Thrones » où le personnage principal survit contre toute attente. Kamerhe a un ange gardien, c’est certain.

Le parcours de Kamerhe est un véritable feuilleton. De sa montée en politique à son emprisonnement pour corruption, puis à sa libération, chaque étape de sa vie semble écrite pour un drame politique. Et pourtant, il continue de résister. Cette dernière épreuve ne fait que renforcer l’aura mystique qui l’entoure. Peut-être que son destin est de jouer un rôle crucial dans l’avenir de la RDC, un destin forgé par des épreuves qui auraient brisé d’autres hommes. La résilience de Kamerhe est une leçon pour tous, un rappel que la détermination et la foi peuvent surmonter les obstacles les plus insurmontables.

La République a tenu!

Salutations à ceux qui ont mené l’assaut. Aucun mort parmi nos forces de sécurité, c’est une prouesse. Quant à ceux qui n’y croient pas, chacun est libre de penser ce qu’il veut. Mais une chose est sûre : ce pays doit vraiment se ressaisir. Nous avons découvert notre vulnérabilité, et il est grand temps de se réveiller. Il faut arrêter de jouer aux apprentis sorciers et revenir aux fondamentaux. La sécurité, c’est pas un jeu vidéo où on peut recommencer la partie à l’infini. La réalité est bien plus impitoyable.

Les forces de sécurité ont montré une capacité de réponse qui, bien que tardive, a finalement permis de neutraliser les assaillants sans subir de pertes supplémentaires. Cela mérite d’être salué. Cependant, cela ne doit pas masquer les défaillances flagrantes qui ont permis à ces hommes de pénétrer aussi profondément dans le cœur de notre capitale. Il est crucial de tirer les leçons de cette attaque et de renforcer nos défenses. Les professionnels de la sécurité doivent être formés, équipés et motivés pour prévenir de telles intrusions à l’avenir. Ce n’est qu’en reconnaissant nos faiblesses que nous pourrons nous améliorer.

Mais au-delà des félicitations, il faut se rappeler que la sécurité nationale ne doit pas être laissée au hasard ou aux interventions de dernière minute. Les failles dans notre système de sécurité doivent être comblées, et cela passe par une réforme profonde et sérieuse. Il ne s’agit pas seulement d’acheter de nouveaux équipements, mais de revoir nos stratégies, d’améliorer la coordination entre les différentes forces et de s’assurer que ceux qui sont en première ligne sont prêts à faire face à toutes les menaces, à tout moment.

Le peuple congolais, à travers les épreuves qu’il traverse, doit s’inspirer de cette résilience. Nous sommes une nation forte, capable de surmonter les crises, de se réinventer et de progresser. Mais cela nécessite une unité nationale, une détermination collective et un engagement à construire un pays meilleur pour les générations futures. Les événements récents doivent servir de catalyseur pour une réflexion profonde sur notre avenir et les actions nécessaires pour sécuriser notre pays et garantir la paix et la prospérité pour tous.

En fin de compte, cette attaque sur le Palais de la Nation et la résidence de Vital Kamerhe révèle de nombreuses failles dans notre système de sécurité et dans notre gestion politique. Cependant, elle offre aussi une opportunité de réforme et de renforcement. Il est temps de prendre les mesures nécessaires pour garantir que de tels incidents ne se reproduisent pas. Nous devons rester vigilants, déterminés et prêts à protéger notre nation contre toutes les menaces, internes ou externes.

Salutations à tous ceux qui ont contribué à déjouer cette attaque. Mais rappelons-nous, la véritable victoire réside dans notre capacité à apprendre de nos erreurs et à bâtir un système de sécurité solide et résilient. Ce pays a besoin de leaders forts, d’institutions robustes et d’une population unie pour surmonter les défis et construire un avenir meilleur. Quant à ceux qui tenteront de rééditer cette bêtise, qu’ils sachent que la République restera, comme face à Malanga, impitoyable!

Litsani Choukran, Le Fondé.

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