Terreur à Harare après l’assasinat d’un réfugié rwandais par des hommes de main de Paul Kagame

L’assassinat vendredi dernier d’un ressortissant rwandais à Harare, au Zimbabwe, a semé la terreur dans la communauté, laissant entendre que Samuel Habimana a été exécuté par des agents du régime de Paul Kagame à Kigali. Cet acte brutal a exacerbé les peurs et les incertitudes parmi les réfugiés et la communauté plus large, mettant en lumière la portée dangereuse des machinations politiques rwandaises.

Samuel Habimana, résident au 2071 Mainway Meadows, venait de rentrer chez lui vers 22 heures lorsque des hommes armés d’un AK-47 et d’un pistolet ont enfoncé sa porte, ont fait irruption dans la cuisine et l’ont abattu d’une balle dans le cou, le tuant sur le coup. Ce meurtre impitoyable s’est déroulé devant son fils, sa femme et son aide domestique. Cette dernière avait repéré quatre hommes en embuscade pour Habimana et avait alerté la famille. Malgré leurs tentatives de se sécuriser et de donner l’alarme, les assaillants, portant des masques, ont rapidement pris d’assaut la maison, brisant la porte à l’aide d’un pied-de-biche avant d’exécuter leur cible.

Un rapport a été fait à la police, et des enquêtes sont en cours. La police de la République du Zimbabwe n’avait pas encore publié de déclaration sur l’incident au moment de la rédaction. Cependant, un membre de la communauté rwandaise a déclaré à des médias locaux que l’affaire était un incident terroriste lié à Kigali, où le régime de Paul Kagame cible les opposants à l’étranger pour les éliminer. « C’était une exécution, » a déclaré la source, cité dans un article consulté par POLITICO.CD. « Ils n’ont rien pris de la maison où il y avait environ 3000 $, mais ils ont emporté l’appareil d’enregistrement des caméras de sécurité.« 

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Habimana, qui gérait une entreprise de transport et venait d’ouvrir une épicerie à Harare, était un membre très apprécié de la communauté, désormais plongée dans la terreur. Son assassinat confirme les méthodes du régime de Paul Kagame qui cible également des ressortissants d’autres pays d’Afrique de l’Est, notamment la République Démocratique du Congo et le Burundi.

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Des sources concordantes ont révélé que le Rwanda envoyait des espions au Zimbabwe pour traquer les opposants de Kagame, une question qui intéressait également les services de sécurité à Harare. « Une source a indiqué que les services de sécurité étaient au courant des manœuvres de Kigali, ironiquement, à un moment où les relations entre le Zimbabwe et le Rwanda se renforçaient« , revèle le média local Zimetro. « L’incident est susceptible de susciter des tensions diplomatiques, surtout que le Zimbabwe doit assumer la présidence de la SADC en août« , ajoute-t-il. La SADC lutte contre la situation sécuritaire dans l’est de la RDC, où le Rwanda parraine des rebelles et déstabilise la région.

« Nous ne pouvons pas empêcher le Zimbabwe d’entretenir de bonnes relations avec le Rwanda, mais nous sommes heureux que les services de sécurité sachent ce qui se passe et nous assistent chaque fois que nous les appelons, » a déclaré une source citée par Zimetro « Ils savent ce qu’ils font, » a ajouté la source.

Au fil des années, des tentatives ont été faites sur la vie de certains membres de la communauté rwandaise, déjouées par une combinaison de renseignements d’État et de vigilance communautaire. Les informations recueillies par cette publication suggèrent que le Zimbabwe a intercepté et expulsé certains espions de Kigali, rapporte un autre média, The Zimbabwe Mail.

Les réfugiés rwandais sont au Zimbabwe depuis plus de 30 ans, et la communauté est estimée à plus de 2000 familles. L’assassinat de Samuel Habimana est le dernier d’une série d’attaques contre des dissidents rwandais à l’étranger, attirant l’attention sur la portée et les méthodes du régime Kagame.

Human Rights Watch (HRW) a accusé les autorités rwandaises d’être responsables de meurtres, de passages à tabac et d’enlèvements de dissidents à l’étranger. HRW a appelé la communauté internationale à lutter contre cette « répression extraterritoriale. » Le Rwanda, sous la direction de Paul Kagame, a une longue histoire de suppression des voix d’opposition par des moyens violents. Kagame est au pouvoir depuis 2000 et a annoncé sa candidature pour un quatrième mandat en 2024. Le Front patriotique rwandais (FPR), le parti de Kagame, est connu pour ses réponses sévères et souvent violentes aux critiques.

HRW a documenté plus d’une dizaine de cas de meurtres, d’enlèvements, de disparitions forcées et d’agressions physiques visant des Rwandais à l’étranger. Ces abus ont été perpétrés en toute impunité, créant un climat de peur parmi les exilés rwandais. L’organisation note que même dans des pays occidentaux comme la Belgique, le Royaume-Uni et la France, les réfugiés rwandais font face à des menaces et des pressions de la part de Kigali.

Par ailleurs, en 2021, Seif Bamporiki, coordinateur du Congrès national rwandais (RNC) en Afrique du Sud, a été tué au Cap. Son meurtre présentait des similitudes avec des attaques précédentes à caractère politique visant des dissidents rwandais. Selemani Masiya, ancien footballeur rwandais et demandeur d’asile au Mozambique, a été brutalement assassiné en juillet 2022. Masiya avait critiqué le gouvernement rwandais et avait été soumis à des pressions pour travailler pour Kigali.

Ces incidents soulignent le danger persistant auquel sont confrontés les dissidents rwandais à l’étranger et la détermination du gouvernement rwandais à faire taire l’opposition.

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