RDC : « Le système judiciaire congolais, peu équipé et dysfonctionnel, n’a pas les moyens de mettre fin à la culture de l’impunité » (Mukwege)

Dans sa tribune rendue publique ce vendredi 04 août, le docteur congolais Denis Mukwege a relancé son plaidoyer de voir les victimes des atrocités de masse commises depuis des décennies en République démocratique du Congo, avoir droit à « une justice holistique », incluant la justice, la vérité, les réparations et les garanties de non répétition.

Pour Denis Mukwege, « la justice holistique » demeure à ce jour, la seule condition pour parler de réconciliation et parachever la transition « de la dictature à la démocratie et de la guerre à la paix ».

« La culture de l’impunité alimente grandement la récurrence des conflits et la perpétuation des crimes les plus graves, notamment ceux à caractère sexuels et sexistes, et constitue donc un obstacle majeur à l’instauration d’un Etat de droit et au rétablissement d’une paix durable en République démocratique du Congo », a-t-il affirmé.

Le lauréat du Prix nobel de la Paix 2018 a estimé que les décennies de dictature et de conflits, qui ont ensanglanté et plongé le pays dans le chaos et la désolation, « ont sérieusement mis à mal l’Etat de droit et miné la confiance des citoyens dans la capacité de leurs institutions à rendre la justice ».

Étayant ses propos, Denis Mukwege a expliqué que le système judiciaire congolais, qui, d’après lui est « peu équipé et dysfonctionnel », n’a visiblement « aucun moyen » de mettre fin à la culture de l’impunité pour les crimes de masse du passé et du présent.

« Telle est la raison pour laquelle nous plaidons sans relâche depuis de nombreuses années aux côtés des victimes et des survivantes pour que l’on mette à profit la plus-value de tous les mécanismes de la justice transitionnelle en RDC, en tenant en compte la dimension internationale des conflits », a martelé le récipiendaire du Prix Sakharov 2014.

Par ailleurs, il a rappelé le fait que malgré l’espoir suscité suite à l’expression de la volonté politique exprimée par le Chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi, de placer la justice transitionnelle à l’agenda du gouvernement en décembre 2020 afin d’adopter et de mettre en œuvre une stratégie nationale de justice transitionnelle – comme le recommandent de nombreux rapports – « rien ne semble encore être concrètement fait ».

Monge Junior Diama

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